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La création: Chapitre 2

Il fait sombre dans la chambre éclairée par une simple chandelle. Son père est allongé dans le lit avec un linge sur le front. Sa mère l’a pris dans les bras et lui murmure des paroles réconfortantes. L’homme en noir, le docteur du clan, se redresse et murmure « Je suis désolé … C’est fini, il est mort … ».

Toutes les nuits, je refais ce même cauchemar. Cela fait seize ans que mon père est mort dans un accident de chantier. Il avait eu la colonne vertébrale brisée après qu’une pierre lui soit tombée dessus du haut d’un échafaudage. Un bête accident … Je secouais la tête pour faire sortir ces mauvais souvenirs de mon esprit . Moi Vürdo, chef du clan Agartür, je ne pouvais pas me permettre d’être dominé par la tristesse, j’avais un chantier à diriger. Je me plongeais la tête dans une bassine d’eau froide que ma mère, Selena, m'avait préparé. Je descendis prendre mon petit déjeuner puis une fois fini, j’attrapais mon bâton de commandement et je sortis. Guerstal, mon ami de toujours et mon lieutenant, m’attendait dehors :

-Salut !

-Salut, bien dormi ?

-Non, j’ai encore rêvé de mon père. Je n’ai pas réussi à me rendormir…

-Ah, toujours ce cauchemar, il faudrait t’en débarrasser mais comment ??

-Je ne sais pas mais il va falloir se dépêcher si on veut arriver à l’heure au chantier.

-Ah oui, tu as raison ! Un contremaître ne peut pas arriver en retard au chantier, ajouta Guerstal avec un sourire.

J’ai été engagé comme contremaître au chantier de Narack Baden à l'âge de 13 ans. Mon père, feu le roi Agerix II, avait intercédé en ma faveur pour que je devienne contremaître auprès de l’architecte qui était le père de Guerstal. Au bout de dix minutes, nous arrivâmes devant le chantier. Chaque fois que je le voyais, je ne pouvais pas m’empêcher de m’extasier sur la beauté de la porte du palais. Elle était décorée de lames sculptées dans la pierre qui s'entrelacent tel du lierre sur un tronc d’arbre. Le palais était en cours de construction depuis plus d’un siècle et pourtant les ouvriers n’en étaient encore qu’au premier étage. Partout des hommes s’affairaient, certains taillaient la diorite en bloc, d’autres ponçait du bois pour en faire des poutres. D’immenses échafaudages étaient dressés pour la construction. J’étais perdu dans mes pensées quand un cri me ramena à la réalité. Je courus jusqu’à l’endroit d’où venait le cri et je vis un attroupement. Je leur demandai de s’écarter et vis qu’un ouvrier avait les jambes sous un énorme bloc de diorite :

-Allez vite chercher un médecin !

-Tout de suite, Vürdo, me répondit un ouvrier.

-Amenez une charrette, nous allons le transporter au palais.

-D’accord, je cours en chercher une, me répondit un autre ouvrier.

-Merci.

Avec l’aide de Guerstal et de quelques ouvriers, je hissais le blessé sur la charrette. Je pris les rênes et emmenais la charrette au palais suivi de de Guerstal. Je fis monter le blessé dans une chambre. Je le fis allonger sur le lit et demandai qu’on appelle le médecin du clan.

-Comment te sens-tu ? demandai-je à l’ouvrier.

-Mal, me répondit-il dans un souffle.

-Le médecin arrive, tiens bon !

-Merci monseigneur...

-Ne me remercie pas, c’est normal, un chef de clan doit prendre soin de ses ouvriers. As-tu vu comment le bloc est tombé ?

-J’ai cru voir quelqu’un s’enfuir après que le bloc soit tombé.

D’un coup, je me remémorais l’avertissement de mon père qu’il tenait lui-même de son père. Sur son lit de mort, il m’avait dit :

-Prends garde, beaucoup de personnes vont s’allier pour que le chantier ne se finisse jamais...

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